8/17/2006

pin-up





Depuis déjà quelques années, je suis fascinée par les pin-ups, figure emblématique de l'univers fetish qui filrte souvent avec le monde du tatouage dans lequel je me plonge régulierement ( autre fascination).
Je suis transportée par ces douces ingénues qui savent tellement bien jouer à la femme- enfant, ravissante idiote, qui vous font messieurs, vous sentir l'âme de preux chevaliers volant au secours de la damoiselle en détresse. Ces icônes de la féminité portée à son paroxysme vous rendent le rôle de l'Homme, du mâle sans qui la femme ne peut planter un clou, rôle qui, ma fois; est bien malmené depuis la révolution sexuelle.
Prenons par exemple les pin-ups de Gil Elvgren qui sont compilées depuis quelques années en calendrier : ces pauvres femmes sont en sitation d'inconfort environ 350 jours par an, maillot de bain qui craque, chute dans l'eau, crevaison, jupe coincée dans une porte....Et regards desespérés en direction du prochain Sauveur.
Et c'est bien ça le problème. Eduquée dans le matriarcat le plus total, on m'a toujours appris à m'élever contre cette image de la femme. Après tout, ma grand-mère a élever deux enfants seule, et c'est non seulement une reine du pot-au -feu ainsi qu'une championne de culture générale; et ma mère elle aussi très douée en cuisine , tornade blanche et aseptisation en tout genre, peut plier n'importe quel musclor en bricolage et touche sa bille en mécanique. Deux femmes admirables qui ne se sont jamais laissées dicter leur conduite par un costaud poilu sentant des pieds et qui m'ont bien expliqué en long, en large et en travers que moi aussi, je n'avais pas besoin de ça. Donc vous comprenez mieux pourquoi j'ai un peu de mal à assumer cette marotte pour des nanas comme Betty Page.
Pour info, c'est LA PIN-UP par excellence. Née en 1923 à Nashville, Tenessee, au sein d'une famille de six enfants, sa prime jeunesse ne fut pas vraiment une franche rigolade. Papa est en prison, Maman bosse nuit et jour pour nourrir sa progéniture.
Quand le pater sort de tôle,c'est pour abuser de Bettie qui se réfugie alors dans les études, domaine où elle excelle. Elle se marie avec son ami d'enfance Billy, qui part au front peu de temps après et devient enseignante en 1944. A son retour, la flamme est éteinte mais Bettie est enceinte, ils restent malgré tout ensemble mais à la suite de sa fausse couche elle demande le divoce et s'installe à New York.
EN 1950, elle rencontre Jerry Tibb, photographe amateur, qui la prend pour modèle. Et c'est parti, tout le monde se l'arrache pour des magazines, des cartes postaleS, des pubs de cigarettes...Elle joue même dans quelques films, streap-o-rama, Varietease et Teaserama. En 1955, elle pose pour Playboy et passe de plus en plus à la télévision...Mais nous sommes en plein Mac Carthysme, et des agents du FBI vont venir l'enquiquiner pour de migonnes photos fétish. S'ensuit un procès à l'encontre du distributeur de ces clichés qui entache la réputation de Bettie et enterre ses rêves de cinéma. Sa santé mentale commence à vaciller. Elle quitte New York en 1958, devient fonctionnaire et épouse Armond Carlyle Walterson qu'elle quitera un mois et demi plus tard. Bettie se réfugie alors dans la religion, hantée par son douloureux passé. En 1963,elle épouse à nouveau Billy qui tentera de l'étrangler.
Elle se marie ensuite avec un vétéran de la seconde Guerre en1967, mais le courant ne passe pas avec ses enfants et Bettie part de plus en plus dans des délires religieux et se prend pour un prophète. Résultat: divorce en 1972. Après avoir menacé son ex-mari et ses enfants d'un couteau de boucher, elle va être internée en HP une première fois , puis y retournera durant six mois après avoir battu Harry. elle retournera ensuite vivre chez lui dans une pièce à elle.
Après diverses agressions très violentes, elle est incarcérée pour une tentavive de meurtre pour 10 ans. En 1992, elle recouvre la liberté. A 69 ans. Donc , vachement moins sexy....
Une biographie - The notorious Bettie Page- est sortie aux Etats-Unis l'an dernier mais n'a pas trouvé de distributeur en France.
Toujours est-il que j'ai énormément d'admiration pour cette nana au lourd passé, sans le sou ,qui a toujours refusé de se coucher pour atteindre ses rêves à une époque où l'on ne pouvait se réaliser qu'au travers d'un homme. Et si finalement, la pin-up était la representation idéale de la femme libérée, qui ne se sert des hommes qu'au seul gré de ses humeurs en jouant les belles potiches? Elle serait alors tout, sauf un vulgaire objet sexuel. Pour preuve, les années 2000 ont vu naître des mouvements comme les Suicide girls qui sont plus proches du MLF que du guide de la parfaite femme au foyer, ou les filles de Modern Pin-up . Ce qui me permet de fortement réduire ma dissonance cognitive...
Pour ma part, je reste fan de cette idéal féminin, sexy en diable, qui résume à lui seul ce que je voudrais parfois être; mais je trouve beaucoup moins contraignant et fatigant, à défaut d'être élégant, le fameux trio jeans-basket-tee shirt qui sied beaucoup mieux à mon banal physique que les guépières et les portes-jarretelles. Et puis il faut dire qu'en hiver, ça doit pas tenir bien chaud....

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