6/23/2006

Dernier cours de l'année

Pour pouvoir survivre sur la Côte où le coût de la vie égale le PIB d'un pays du Tiers Monde, je dispense mon savoir à des enfants. Savoir se limitant à quelques notions d'anglais et à une maitrise à peu près correcte en Français. Foin de maths, physique ou autres, auquel cas ces têtes blondes en sauraient certainement plus que moi.
J'ai débuté cette activité au mois d'octobre, au moment où j'ai su que je redoublais ma licenec et que je n'avais pas cours durant tout un semestre. je devais m'occuper et accessoirement gagner de l'argent, valeur non-négligeable si on veut pouvoir manger, avoir un toit sur la tête, et autres futilités du genre.
N'ayant pas d'affection particulièrement débordante pour les nains, à l'inverse de mes semblables féminins qui, dès leurs seize ans atteints adoooorent les enfants, mon seul leitmotiv était de payer mes factures en temps et en heure. Chose que j'ai su camoufler lors de mon entretien d'embauche...
Je ne sais pas ce qui a motivé la décision de mon employeur, toujours est- il que j'ai rejoint une entreprise où on se marre bien. C'est très convivial, d'ailleurs ce soir nous pique-niquons gaiement sur la plage, tels des néo- baba-cools.... Je regrette de ne pas savoir jouer de la guitare.
Bref, par ce job, j'ai découvert beaucoup de choses sur moi-même et sur les autres. La transmission des savoirs est une vraie science, comme j'avais pu l'apprendre avec un prof génial à Grenoble, Monsieur Andrieux si ma mémoire est bonne. Il faut pouvoir composer avec les prérecquis de l'enfant ,qui me paraissent de plus en plus minces aujourd'hui, sa motivation , ses difficultés, son stress de la performance.... j'ai été étonnée du nombre de dyslexiques que j'ai pu croiser, des mômes écrasés par ce qu'ils pensent être un handicap mental.
Et au milieu de ce bazar, une gamine de quinze ans , absolument déroutante. Dyslexique. Elle en a fait son deuil depuis un moment, elle s'en fout. Elle a compris qu'elle ne ferait jamais aucune faute à la dictée de Pivot, c'est comme ça. C'est la vie. Mademoiselle veut être juge d'instruction; et si elle bosse, elle y arrivera. Je crois en elle . Elle est formidable.
Ce soir, je lui donne son dernier cours avant qu'elle ne passe le brevet. Après, elle ira en Seconde et je ne pourrais plus rien pour elle . Je m'arrète à la 3 ème, je n'ai pas envie d'être dépassée par les évènements. Ca me fait tout drôle, je me suis attachée à elle. Je ne pensais pas m'investir autant dans ce boulot.
Quand j'ai vu une de mes élèves partir un peu à la dérive ,dans des délires qui n'étaient pas du tout de son âge, ça m'a bouffé. Je n'en dormais plus, je ne savais que faire. Je la voyais arriver les yeux rougis par le shit, elle venait faire de la figuration: rien ne se passait , elle ne comprenais pas ce qui se passait sous ses yeux. Elle a l'air d'aller mieux désormais. Parfois, je me demande si j'aurai du en parler aux parents. J'ai pris le parti de faire de simples allusions , de suggérer qu'il ya toujours des retombées dans tous nos actes, et que chaque âge a ses découvertes. Elle n'a que douze ans ! Mais je ne peux pas interdire ni condamner, j'ai fait les mêmes conneries, mais j'étais tout de même plus agée....
Ces petits m'ont fait grandir. Finalement, j'aime bien les nains. Je veux même des enfants plus tard...
Alors merci à eux :Nour, Laura, ALexandre, Lenny, Clyde, Marc, Diana, Marine, Hervé, Christelle, Olivier, Ashley, merci pour tout, j'espère que vous pousserez bien et que vous serez heureux. Soyez forts car la vie est dure, et croyez en vos rêves.
Même vous, les grands; croyez-y.
merci aussi à Charly de m'avoir fait confiance, à Lorraine de m'avoir fait rire, et à Rania, reine du shopping, notre relookeuse infernale, pour sa logistique imparable et sa volonté acharnée à vouloir faire des apéros boulot.

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